Récits Compostelle - Étape 25 - Villafranca - La Faba 30 km

La sortie de Villafranca est relativement bien signalée - Vous aurez le choix entre deux itinéraires - un conseil, demandez quand même la veille à votre hospitalero. Je sais qu'il faut passer le pont et ensuite suivre la route. Oui, mais il n'y a plus aucune marque après… Je cherche des traces de pas en bordure de la route nationale. Dans les herbes sèches, je reconnais les traces d'un petit sillon sans herbe qui indique que des milliers de chaussures ont dû fouler cet endroit. Je pense être sur la bonne route, maintenant, je suis un pro du jeu de piste…On marche ainsi quelques kilomètres. Puis, on arrive à un T. droite ou gauche ? il fait évidemment nuit, et ma lampe frontale n'éclaire qu'un minimum… à gauche un tunnel qui passe sous l'autoroute. Je crois me souvenir d'avoir lu ça dans mes notes. Je prends à gauche… Ce tunnel n'en fini pas, et heureusement qu'à cette heure, il n'y a pas de voitures, car ce serait dangereux… 500 mètres plus loin voici la sortie… Et un immense carrefour avec au moins 5 routes. Certes des panneaux indicateurs, mais aucune trace jaune, ni aucune coquille. Je ferais bien 5 fois le tour à la lueur insuffisante de ma lampe pour m'apercevoir que je suis bel et bien perdu. Le moral en prend un coup.

Si je dois refaire 5 km en marche arrière 🙄😏 Je reprends le tunnel en sens inverse, bien persuadé que je vais devoir repartir de Villafranca. Miracle ! à la sortie du tunnel sur la gauche (donc en face quand je suis venu tout à l'heure…) un superbe panneau avec le symbole Européen, la coquille, la flèche et tout le toutim !… C'est à croire que je n'étais pas réveillé tout à l'heure. Il était en face de moi et je ne l'ai même pas vu ! Ouf… Soulagement 😅 Le "Camino" est un boulevard pour le pèlerin. Situé sur le côté gauche de la chaussée, derrière le rail de sécurité et un petit mur de protection, c'est un chemin bétonné, et comble du comble, le sol entièrement peint en jaune ! Afin de vous changer les idées, vous avez ensuite le choix de traverser les villages en faisant un léger détour de quelques centaines de mètres, ou de continuer la nationale pour rejoindre l'autre tronçon bétonné et jaune. Ça n'est pas un tapis rouge, mais un tapis jaune… Le parcours est à nouveau monotone sur au moins 12 km. Seule la montée vers O Cebreiro va changer les choses… Mais je n'y suis pas encore. Mes petits copains Espagnols, (le groupe que je côtoie plus ou moins au gré des étapes depuis Puente la Reina), ont triché un peu… Depuis Villafranca, deux d'entre eux ont fait transporter leurs sacs à dos par un taxi vers O Cebreiro, et ce, pour la modique somme de 3 euros (pratique de plus en plus courante sur le chemin).

Pèlerins espagnols sur camino Frances
Les "copains" espagnols

À partir du village de Herreira ça grimpe dur. D'abord par la route, puis le chemin en forme de lacets devient empierré. Le lieu est à la hauteur de sa réputation. Mais cette fois ça ne sera pas Roncevaux. On ne m'y reprendra plus. Après quelque 600 km, j'ai compris comment il fallait aborder ce genre de situation. J'adopte le pas du montagnard Suisse 😄 (lent, régulier et petits pas). Il doit être 11 heures environ, mon "ami" le soleil est de sortie, et heureusement que ce passage se trouve sous une voûte boisée, car je peux ainsi marcher à l'ombre. Malgré cela, la sueur dégouline de mon front comme un Bjorn Borg dans le 4ᵉ Set d'un match de tennis, ma chemise est trempée, elle qui est censée sécher en 15 mn. Je suis très attentif ou je mets les pieds parce que dans ce passage boisé, je devrais rencontrer, ou plutôt mettre le pied, sur la pierre du diable ! La légende raconte qu'au Moyen Âge, un diablotin attendait ici les pèlerins pour les dissuader de continuer jusqu'à Santiago. Un jour, St Jacques en eût assez et le transforma en pierre. Ultime humiliation, désormais et jusqu'à la fin des temps, chaque pèlerin aura l'occasion de le piétiner ! On ne sait pas de quand date cette légende, ni quand la pierre en question a été mise en place (elle m'a parue bien "neuve" 😄). Je suis hyper content, car nombre de pèlerins, épuisés par cette montée, passent à côté sans la voir, et moi, je viens de la trouver ! enfin, j'ai quand même cherché sous les feuilles qui tapissent le Chemin. Je ne résiste pas d'ailleurs à passer lentement dessus, de tout mon poids. Sinon, à quoi ça sert que Santiago se décarcasse… Le diable se vengera-t-il un jour ? 🥴

pierre du diable
La pierre du diable !

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J'arrive à 12 h 30 à La Faba, tout petit hameau, mais qui possède une épicerie, elle aussi à la taille du nombre d'habitants. 4 boîtes de conserves, 6 paquets de pâtes, quelques bières… Bref, je ne vais pas faire le difficile, il y en aura assez pour vous dépanner. Et comme toujours, si vous ne souhaitez pas cuisiner, il y a le restaurant…. L'auberge est récente et très bien. Attention tout de même, il ne doit y avoir que 35 places. C'est intéressant de s'arrêter ici, car cela coupe un peu la difficile montée vers O Cebreiro qui se trouve à 3 km (mais les plus difficiles en plein soleil). Nous sommes Dimanche, l'épicerie sera ouverte 1 h (vers 19 h…). Il est 17 heures. Le temps se couvre brusquement et un orage éclate. Un vrai ! avec du tonnerre et des éclairs, et des trombes d'eau ! Bref, un orage de montagne. Il durera jusqu'à 23 heures. Cette fois, plus de pétards, mais l'orage ! Cela a au moins le mérite de rafraîchir l'atmosphère et la nuit sera enfin agréable !

auberge de La Faba
Auberge de La Faba

 

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Vidéo la marche aux étoiles

Avec l'aimable autorisation de Yvon Boëlle.

Présentation de l'exposition "Compostelle, la marche aux étoiles" réalisée par l'Académie de Musique et d'Arts Sacrés de Sainte-Anne d'Auray et le photographe Yvon Boëlle sur ses 15 années de reportage sur les chemins de Compostelle de France et d'Espagne.

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