Récits Compostelle - Étape 22 - Astorga - Foncébadon 25 km

Aujourd'hui, je suis tout excité, car je vais enfin voir le village fantôme de Foncébadon. 5h30 départ ! L'étape commence comme les autres, ligne droite. Cependant, après quelques kilomètres, le chemin redevient intéressant. Bois, collines, pour finir à 1500 mètres à Foncébadon. Les pieds vont enfin pouvoir travailler autrement. Les 6 ou 7 jours de chemin plat ont mis à mal mes tendons d'Achille. Par précaution, mais aussi parce que je sens "quelque chose", je passe du Voltarène (anti-inflammatoire), deux fois par jour. J'en mets également sur la tendinite du petit orteil droit. Je ne pense pas que ça guérisse, mais ça évite d'empirer. J'ai toujours une petite bosse au niveau de ce minuscule tendon…

J'ai fait un arrêt sieste dans un champ vers 10 heures. Je l'ai payé après car j'ai dû marcher sous le soleil jusqu'à 14 heures…. Dans le champ, je suis réveillé par le bruit d'un troupeau de moutons et des chiens énormes ! (mais très gentils 😁). Ce n'est pas le moment de faire des gestes brusques ou se lever et courir ! Là, ma bombe anti-chien n'aurait pas servi à grand-chose, ils étaient au moins 8 molosses… Heureusement que le berger était là, et les chiens occupés à rassembler les brebis ou à les faire avancer. Bien sûr, ils sont venus me voir, je n'en menais pas large, mais je n'ai pas bougé d'un poil et après que l'un d'eux m'est reniflé le pied, ils ont passé leur chemin (même si j'avais mon couteau à cran d'arrêt ouvert dans la main droite (Mais caché à leur vue tout de même), afin de me rassurer, et quand bien même, de toute façon, je n'aurais pas pu m'en servir vu le nombre).

Le chemin monte… C'est pas la joie sous le soleil… Voilà enfin Foncébadon…. Le gîte est fermé et les pèlerins attendent sur les marches. J'ai de la chance. Le gîte comporte 18 lits et je suis le 18ᵉ... 😛 Après, les autres pourront aller dans la chapelle à côté, il y a des matelas parterre. Why not ? après avoir essayé les lits, et si vous y passez un jour, sachez que lit ou matelas sur le sol, c'est idem. Les sommiers sont rafistolés avec des bouts de planches, et si vous êtes au lit du haut, vous risquez à tout moment de vous retrouver en bas….et si vous êtes en bas, vous recevrez celui du haut. Donc finalement, j'aurais peut-être mieux fait de dormir par terre… à part ça, le gîte est Donativo (vous donnez ce que vous voulez). Il y a un endroit avec un minuscule réchaud où vous pourrez faire chauffer vos pâtes ! Par contre, la salle à manger est assez grande, et le matin, le petit déjeuner est gratuit. Confiture et beurre à volonté, ainsi qu'un peu de pain. On ne peut pas tout avoir… Note : Bien que toujours austère, il y a eu quelques aménagements depuis ; hospitaleros avec mon épouse en juin 2010, l'endroit reste assez magique, surtout pour les pèlerins. Commentaire posté par jaunagorri (merci à lui pour ces précisions).

Quant au village lui-même, ça vaut vraiment le coup. Il n'y a rien à voir, et c'est ça qui est génial… Ici, c'est sûr, il y a eu la guerre… ou alors, les maçons étaient de piètres apprentis. Toutes les maisons (ou presque) sont en ruines… On dirait qu'ils ont posé les pierres sans mortier. À part l'auberge, la minuscule chapelle, l'inévitable restaurant, et une maison habitée par un couple de paysan, veille femme qui ressemble à une sorcière et un mec à l'allure inquiétante… Tout le reste est désolation… Il faut même chercher l'ombre ! En fin de journée, un car de pèlerins (âgés) débarque. Ils empruntent à pied la rue principale, certainement pour aller à la cruz de Ferro qui se trouve à 1 ou 2 km... ils ne reviendront pas, le bus les attendra certainement en haut... les touristes pèlerins me font toujours sourire… Mais c'est bon pour mon ego. Bon, en même temps, c'étaient des personnes âgées, donc ça peut se comprendre.